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Le qr code et la planète : un nouveau cas de pollution numérique occultée au prix d’idées reçues sur le support imprimé.

Source : TwoSides

Certains d’entre vous en ont déjà fait l’expérience : installés au restaurant, vous attendez que le serveur vous amène une carte. Au bout d’un moment, vous lui faites signe, pensant qu’il vous a oublié. Il s’approche alors et vous demande si vous avez fait votre choix. Après un moment de confusion, il vous explique avec beaucoup de bienveillance qu’il faut scanner le QR code placé sur la table (éventuellement sur un petit chevalet), pour accéder au menu qui est “dématérialisé”. Les plus familiers de l’omni-usage du smartphone feront la manipulation sans problème. D’autres s’agaceront de devoir trouver comment scanner ce truc pour accéder à une carte illisible sur leur petit écran. Par chance, peut-être, le restaurant aura prévu quelques cartes conventionnelles de secours, au cas où…

Cette manière de présenter les menus a connu un coup d’accélérateur lors de la crise sanitaire du Covid-19. Toucher les cartes après tout le monde était problématique, le menu dématérialisé était la solution, et puis c’est tellement moderne. Plus récemment, nous l’avons expérimenté avec un argument supplémentaire, écologique vous vous en doutez : sur la carte de secours était mentionné “Notre menu est moche mais BCorp. En gros, ça veut dire qu’on préfère vous proposer une version digitale de notre menu […] plutôt que d’imprimer des milliers de menus certes très beaux et très cool, mais qui sont juste mauvais pour la planète.”

Une réalité écologique plus complexe

Ce cas illustre la manière dont les nouveaux usages du numérique s’imposent dans notre quotidien sans réelle prise de conscience des conséquences sociales et environnementales. La modernité justifierait tout, serait par essence pratique et écologique. Et comme souvent, la réalité, en matière d’écologie, est plus complexe. Divers fournisseurs proposent ce service – et pour ceux que nous avons identifiés, la proposition semble assez similaire : générer un QR code qui permettra au client d’accéder à un menu disponible sur un « cloud ». Outre le gain de temps mis en avant pour la prise de commande et le paiement, l’avantage en termes de communication est signalé, par la possibilité d’ajouter des visuels des plats et d’autres images valorisant le restaurant.

Le « cloud » nécessitant de stocker des données d’autant plus lourdes qu’elles comportent des images constitue pourtant l’exemple type de pollution numérique invisible. La consultation à distance mobilise de l’énergie – sans oublier la construction de tous les équipements nécessaires (serveurs, réseaux, smartphones…) dont Green IT nous dit qu’elle est l’étape la plus polluante en matière de numérique.  A l’inverse, un menu imprimé une fois est un cas d’école de réemploi, où des ressources utilisées seront réparties sur un nombre d’usage important. Ainsi, l’impact environnemental du menu imprimé diminue à chaque usage, quand celui du menu numérique augmente à chaque consultation… Sauf à imaginer une lourde carte richement illustrée changeant chaque jour, le « QR menu » ne semble donc pas réellement répondre à la promesse faite par notre restaurateur. Le numérique n’est pas écologique, faut-il encore en douter ?

Une certification à mieux encadrer ?

On notera l’ironie de ce cas, qui est associé à la valorisation d’une certification B Corp, présentée comme très exigeante. On espérera donc que cet exemple de greenwashing n’échappera pas à la vigilance des certificateurs dont la compétence doit être large, à en croire le périmètre revendiqué par ce label.

Quant à l’expérience client, à en juger par le soupir exaspéré de mon voisin, l’inconfort d’usage de ce « QR menu » ne génèrera peut-être pas une adhésion immédiate et inconditionnelle.